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Dans une lettre ouverte, plusieurs développeurs influents demandent à Oracle de placer dans le domaine public la marque JavaScript. Faute de réponse de l’éditeur, ils menacent de déposer une demande en annulation, motivée par un abandon, auprès du bureau américain des brevets.
« Cher Oracle, vous avez depuis longtemps abandonné la marque JavaScript, ce qui est à l’origine d’une confusion et d’une perturbation généralisées et injustifiées », attaquent les auteurs de cette lettre ouverte adressée au siège de l’éditeur américain.
Parmi les premiers cosignataires figurent Brendan Eich, créateur du langage JavaScript, Ryan Dahl, créateur de Node.js, ainsi qu’une dizaine de personnalités influentes de la communauté des développeurs. Distribuée sous la forme d’une pétition, la lettre ouverte compte aujourd’hui près de 11.500 signatures qui, toutes, réclament à Oracle le transfert de la marque JavaScript vers le domaine public.
Abandon de marque ?
Principal argument avancé : Oracle, qui a hérité de la marque JavaScript dans la corbeille liée au rachat de Sun Microsystems en 2009, n’en fait aucun usage, alors que le langage du même nom est devenu un nom générique, qui compte des millions d’adeptes dans le monde, sans aucun lien avec Oracle, ou ses produits.
« Oracle n’a jamais proposé sérieusement un produit appelé JavaScript », affirment les auteurs. Ils soulignent que l’éditeur dispose bien de quelques composants à son catalogue, comme la bibliothèque JavaScript Extension Toolkit (JET) ou l’environnement d’exécution GraalVM, mais estiment anecdotique la portée de ces derniers au regard de l’envergure des ressources JavaScript disponibles sur le marché.
« L’utilisation par Oracle de JavaScript dans GraalVM et JET ne reflète pas un usage réel de la marque. Ces liens ténus ne satisfont pas à l’exigence d’un usage constant et réel dans le commerce », attaquent les cosignataires.
Deux ans après une première lettre ouverte restée sans réponse, ils menacent cette fois Oracle d’intenter une procédure en abandon auprès de l’USPTO, le bureau américain des brevets. « Cette fois, il est temps de prendre des mesures actives pour ramener la marque JavaScript dans le domaine public auquel elle appartient ».
« Use it or lose it »
La non-utilisation d’une marque et son évolution en un terme générique font effectivement des motifs qui, selon l’article 1127 du code américain de la propriété intellectuelle, peuvent justifier l’abandon d’une marque déposée.
Pour les signataires de la lettre, l’ensemble de la communauté profiterait de cette libération, alors que tous les acteurs s’interdisent aujourd’hui d’utiliser le nom JavaScript dans leurs produits par peur de poursuites, à commencer par le comité de standardisation ECMA. « Le langage de programmation le plus populaire au monde ne peut même pas avoir un événement à son propre nom », regrettent-ils.
Oracle, connu pour défendre farouchement sa propriété intellectuelle en justice, n’a pour l’instant pas donné suite à la publication de cette lettre. « Contrairement aux détenteurs de marques habituels qui protègent leurs marques en percevant des droits de licence ou en appliquant des restrictions d’utilisation, Oracle a laissé le nom JavaScript être utilisé par n’importe qui. Cette inaction renforce l’argument selon lequel la marque a perdu sa signification et est devenue générique », estime Ryan Dahl.