Une grève de corbeaux

La panne causée par la mise à jour défectueuse de CrowdStrike pourrait coûter 15 milliards de dollars de pertes au niveau mondial, mais dont seuls 10 à 20 % seront remboursés par les compagnies d’assurance.
Parametrix, qui se présente comme « le principal fournisseur de services de surveillance, de modélisation et d’assurance dans le domaine du cloud », estime à 5,4 milliards de dollars le total des pertes financières directes subies par les 500 entreprises américaines du classement Fortune (à l’exclusion de Microsoft), à la suite de la panne de CrowdStrike survenue le 19 juillet.
La « perte moyenne pondérée » serait de 44 millions de dollars par entreprise, mais varie de 6 millions pour les entreprises manufacturières à 143 millions pour les compagnies aériennes :
« Les pertes financières directes les plus importantes seront subies par les entreprises du Fortune 500 dans le secteur de la santé (1,938 milliard de dollars), suivi par le secteur bancaire (1,149 milliard de dollars). Les entreprises de ces secteurs subissent 57 % des pertes, mais ne représentent que 20 % des revenus de Fortune 500, en raison de l’impact inégal de l’événement sur les secteurs d’activité […], tandis que l’événement a coûté aux six compagnies aériennes du classement Fortune 500 environ 860 millions de dollars, pour un revenu de 187,1 milliards de dollars. »

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Un quart du classement Fortune 500 a été touché
Un quart du classement Fortune 500 a été touché (125 entreprises), dont 100 % des compagnies aériennes de la cohorte, 43 % des détaillants et grossistes, et environ trois quarts des entreprises des secteurs de la santé et de la banque, pour un montant total estimé à 5,4 milliards de dollars de pertes.
Jonatan Hatzor, directeur général de Parametrix, a précisé à Reuters que les pertes financières liées à la panne pourraient s’élever à environ 15 milliards de dollars au niveau mondial, dont 1,5 à 3 milliards seulement couverts pas les assureurs.
Au-delà de ces pertes financières primaires, la panne a entraîné « une cascade de retards opérationnels », précise Parametrix dont l’analyse souligne que les industries traditionnelles qui s’appuient sur des ordinateurs physiques ont connu des délais de rétablissement plus longs, « ce qui souligne la résilience et le rétablissement rapide des systèmes basés sur le cloud ».
39 % de pannes « critiques », contre 18 % d’ordinaire
Parametrix, qui surveille en temps réel plus de 6 000 rapports sur l’état des services de sociétés de logiciels et de services liés à l’informatique, relève environ 300 interruptions de service, en moyenne, par jour. Or, le 18 juillet, ce chiffre était monté à 419, par la panne affectant la plateforme de cloud computing Microsoft Azure, puis à 700 le 19, après la mise à jour défectueuse de CrowdStrike.

De plus, en temps normal, environ 18 % des entreprises ayant signalé une interruption de service la classent comme « critique », 31 % comme « majeure » et 51 % comme « mineure ». Pendant la panne de CrowdStrike, ces proportions sont respectivement passées à 39, 34 et 27 %, indiquant que les entreprises touchées par cet événement l’ont été plus gravement que d’ordinaire.
Sur la base d’études antérieures, Parametrix estime que le rapport entre les pertes assurées et les pertes financières « se situe généralement entre 10 et 20 % », et que les pertes assurées se situeraient donc « entre 0,54 et 1,08 milliard de dollars » pour les entreprises du Fortune500 :
« Cela s’explique par l’importance des rétentions de risque et le faible montant des limites de police des grandes entreprises par rapport aux pertes potentielles liées aux pannes. »