Tout va bien

Un rapport de l’ONU pointe la soudaine hausse des émissions indirectes de CO2 des géants du numérique comme Amazon, Microsoft, Google et Meta. Entre 2020 et 2023, la moyenne des augmentations des émissions dont ils sont responsables est de 50 %, dues notamment à la mise en place intensive de l’IA générative.
Les émissions indirectes de CO2 liées aux activités de quatre des plus importantes entreprises du numérique qui ont investi massivement dans l’IA ont augmenté en moyenne de + 50 % entre 2020 et 2023, indique un rapport [PDF] publié par l’Union internationale des télécommunications (UIT), l’agence de l’ONU spécialisée dans les questions de numérique.
+ 82 % d’émission pour Amazon
Selon le rapport, ce sont les émissions de carbone d’Amazon qui ont le plus augmenté (+ 82 % en 2023 par rapport à 2020), suivies de celles de Microsoft (+ 55 %), de Meta (+ 45 %) et d’Alphabet (+ 38 %).

L’UIT ajoute que les 14 plus grandes entreprises de télécommunications (dont Orange, Verizon, AT&T, mais aussi China Mobile, China Telecom et China Unicom) n’ont pas connu d’augmentation au cours de la même période, « bien que l’IA soit susceptible d’être intégrée dans leurs logiciels ». Leur moyenne suit même une très légère baisse.
Il sera intéressant de suivre l’évolution de ces chiffres sur les années suivantes, puisque les années 2020 - 2023 sont en partie des années de R&D des premières solutions d’IA génératives. On peut faire l’hypothèse que les entreprises de télécoms ont mis en place plus tardivement de telles solutions que les entreprises leaders du secteur de l’IA.
102,6 millions de tCO2e par an pour les systèmes les plus émetteurs
Pour appuyer son propos, le rapport fait référence à une étude récente qui estime que les émissions de carbone provenant des systèmes d’IA les plus émetteurs pourraient atteindre 102,6 millions de tCO2e (voir équivalent CO2) par an. « Compte tenu de l’omniprésence de l’IA et de son intégration croissante dans divers services, il est difficile d’estimer l’impact direct de son utilisation », explique l’UIT.
Comme déjà évoqué, l’agence insiste sur la difficulté à estimer l’évolution des émissions des IA : « les données des datacenters d’IA peuvent être faciles à suivre, mais un algorithme basé sur l’IA dans une fonction de réseau spécifique serait difficile à définir et à suivre séparément ». L’organisation déplore qu’ « actuellement, il n’existe pas de normes ou d’exigences législatives imposant aux entreprises de divulguer leurs émissions d’IA ou leur consommation d’énergie, ce qui rend la compréhension de l’impact de l’IA sur la consommation d’énergie au niveau de l’entreprise moins évidente. ».
« L’IA n’est pas seulement avide de données mais aussi d’énergie et, à mesure que l’expansion de l’IA se poursuit, l’augmentation de la demande d’énergie pourrait exercer une pression sur l’infrastructure énergétique existante et compromettre l’objectif de transition énergétique », commente l’agence.
On peut cependant remarquer, que sur le graphique de l’UIT ci-dessus, l’augmentation de la consommation d’énergie des quatre géants du numérique semble se concentrer sur les années 2020 - 2022. Cette forte inflexion peut laisser espérer une stabilisation de la consommation. Des données sur les années suivantes seront intéressantes à observer.
Remarquons que les chiffres évoqués par l’UIT ne sont pas exactement les mêmes que ce que nous avions repéré l’année dernière. Dans son rapport, Microsoft évoquait plutôt une augmentation de 29 % entre 2020 et 2023. De son côté, Google évoquait une augmentation de 48 % pour la période 2019 – 2023. L’UIT évoque pourtant les rapports des entreprises comme sources. Ce flou plaide toutefois pour la mise en place de normes ou d’exigences législatives, comme l’évoque l’agence de l’ONU.