Les sciences, c’est so 2024

Le DOGE et la présidence Trump continuent de mettre à mal les agences scientifiques américaines. Le service dirigé par Elon Musk a annulé la location de bâtiments utilisés par les services de prévisions météorologiques de la NOAA. Il est conseillé aux employés de la NASA de faire preuve de « discrétion » en public concernant leur affiliation. Les décisions erratiques du nouveau gouvernement touchent même le personnel de recherche américain en antarctique.
Le DOGE a visé la FAA, la NASA et la FDA, des agences qui sont directement en lien avec les différentes activités des entreprises d’Elon Musk. Mais ce ne sont pas les seules agences dans la mire du gouvernement de Donald Trump, comme on l’a déjà vu.
La NOAA se sépare d’une partie de ses salariés et de ses bâtiments
La National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), qui joue un rôle très important dans la gestion des données et le travail sur le climat, a licencié des centaines d’agents en période d’essai, la semaine dernière, ce qui représente 10 % des effectifs de l’agence, selon The Verge. L’un des anciens responsables de la NOAA, Andrew Rosenberg, écrivait il y a tout juste un mois qu’il serait prévu que l’agence réduise au total ses effectifs de 50 % et son budget de 30 %.
The Verge explique que, non seulement l’agence se sépare d’une bonne partie de son personnel, mais elle vient aussi d’annuler la location des bâtiments de certains de ses centres de recherche. Axios, qui a eu confirmation de cette information, ajoute que « l’un des bâtiments est le centre névralgique de la production des prévisions météorologiques nationales ».
Le NOAA Center for Weather and Climate Prediction abrite par exemple le Weather Prediction Center (WPC) dont la mission est, selon son site, de « synthétiser les informations météorologiques quotidiennes du pays et promouvoir la prévision opérationnelle des tempêtes de pluie, des tempêtes d’hiver et des températures extrêmes pour la protection de la vie et des biens ». Rappelons que le passage d’une violente tempête hivernale dans l’est du pays a fait au moins 14 morts cet hiver.
Hostilité publique envers la NASA
Témoignant d’une réelle hostilité politique contre les agences scientifiques et leurs employés, un haut responsable de la NASA a envoyé aux employés de la NASA un message leur demandant de faire preuve de « discrétion » en public quand ils portent les badges et emblèmes de l’agence, explique ProPublica. « Nous sommes tous très fiers de travailler pour le programme spatial », affirme le message, mais l’agence veut éviter de « possibles histoires de harcèlement » en dehors du travail.
Ces avertissements contrastent avec l’image que la NASA avait encore ces dernières années alors qu’on pouvait croiser beaucoup de personnes en hoodies floqués de la marque de l’agence spatiale américaine.
Flou à la National Science Foundation
La National Science Foundation (NSF) est aussi totalement désorganisée par les décisions du DOGE et du gouvernement de Donald Trump. Rappelons que cette agence fédérale américaine créée en 1950 a financé de 1985 à 1995 le « National Science Foundation Network », qui a assuré la transition entre le réseau militaire Arpanet et l’Internet civil qu’on connait actuellement.
Cette agence scientifique a aussi licencié une partie de son personnel mi-février : le NSF confirmait à The Register s’être séparé de 86 personnes en période d’essai et de 84 experts à temps partiel. Le média expliquait que « les réductions ont touché environ 10 % des effectifs, et beaucoup ont été pris au dépourvu par cette mesure qui, selon certains, pourrait avoir enfreint les réglementations fédérales ». Et effectivement, selon la justice américaine, cette décision était illégale, rapporte The Register ce 4 mars.
Cette désorganisation touche des équipes de recherche qui sont basées jusqu’en antarctique. En effet, trois stations permanentes qui se trouvent sur le Continent Austral sont gérées par un programme qui dépend du NSF, expliquait la semaine dernière Wired. Les équipes qui y travaillent « ne savent pas si leurs recherches pourront se poursuivre, comment les stations américaines seront maintenues, ni ce que tout cela pourrait signifier pour la délicate géopolitique du continent », ajoutent nos confrères.
« Même de brèves interruptions conduiront les gens à partir et à ne pas revenir », estime Nathan Whitehorn, chercheur de l’université de l’État du Michigan, interrogé par Wired. « La reconstruction pourrait facilement prendre des décennies », ajoute-t-il.