Blocage manifeste

Google prévient depuis plusieurs années : les extensions pensées pour le Manifest V2 cesseront de fonctionner. Depuis quelques jours, un nombre croissant d’utilisateurs rapportent que l’extension uBlock Origin ne fonctionne plus. Parallèlement, un comportement similaire est observé sur la dernière préversion Canary d’Edge, sans que Microsoft communique.
On le savait depuis longtemps : Google veut en finir avec le Manifest V2. Ce « contrat » détermine les capacités des extensions. Les extensions s’y réfèrent pour effectuer leurs actions et les possibilités du Manifest impactent directement celles des modules. On pourrait comparer le Manifest à l’ossature d’un système d’extensions.
Le début de la fin
Google a un avis très clair sur le Manifest V2. La société a communiqué à de nombreuses reprises pour expliquer tout le mal qu’elle pensait de cette version. Les deux principaux reproches tournaient autour de la sécurité et des performances. Dans les grandes lignes, les extensions avaient trop de pouvoir et pouvaient consommer trop de ressources.
La solution ? Le Manifest V3, qui restreint le terrain de jeu et ne peut notamment plus permettre aux extensions d’avoir un comportement malveillant trop important. Un Manifest largement modernisé, mais qui s’est très vite attiré les foudres d’un nombre croissant de développeurs et d’internautes. En cause, la suppression de l’API WebRequest et son remplacement par une nouvelle interface, declarativeNetRequest.
Les deux API, bien que servant a priori le même objectif, n’ont pas les mêmes capacités. WebRequest est au cœur des extensions créées pour bloquer les publicités. L’API permet en effet non seulement d’examiner le flux, mais également d’intervenir pour le modifier à la volée. Ce qui permet aux bloqueurs de faire leur travail avant que le contenu publicitaire soit affiché dans le navigateur.
Pour Google, bien que ces extensions aient des raisons légitimes d’intervenir sur le flux, cette même capacité peut être détournée pour des raisons malveillantes. Bien que ce danger n’existe a priori plus avec la « nouvelle » API, le changement s’accompagne de fortes limitations. En juin de l’année dernière, nous relations comment declarativeNetRequest empêchait un fonctionnement optimal des bloqueurs en interdisant les extensions de mettre à jour leurs listes internes de blocage.
L’auteur principal d’Ublock Origin, Raymond Hill, avait d’ailleurs prévenu qu’uBlock Origin Lite, version de l’extension bâtie pour le Manifest V3, était moins puissante que sa grande sœur. Quelques navigateurs, dont Brave, Firefox et Vivaldi, ont au contraire décidé de supporter les Manifest V2 et V3 jusqu’à nouvel ordre.
De l’avertissement à la désactivation
Si l’on en croit un nombre croissant de commentaires, notamment sur Reddit, la désactivation d’uBlock Origin a commencé. Google avait commencé à prévenir l’automne dernier que l’extension n’en avait plus pour longtemps. Pour ces internautes, le moment tant redouté est donc arrivé. Les débats s’orientent désormais vers la meilleure marche à suivre : basculer sur uBlock Origin Lite ou changer complètement de navigateur ? Brave et Firefox semblent les deux pistes privilégiées.
De manière plus étonnante, des internautes ont rapporté que dans le canal Canary, Edge désactivait les extensions MV2 pour les mêmes raisons la semaine dernière. À la différence qu’il était possible de réactiver ces extensions, après confirmation dans le navigateur.
Nous avons installé la dernière version du canal Canary et n’avons pas constaté ce comportement. Le navigateur nous a laissé installer uBlock Origin sans sourciller. Il est possible cependant que la situation ait évolué pendant le week-end, car le canal Canary est mis à jour quotidiennement. Or, Microsoft n’a pas communiqué de calendrier sur la fin du Manifest V2 dans son navigateur, le statut étant toujours fixé sur « TBD » (To be determined).

Comme indiqué par plusieurs sites, dont Windows Central, il se pourrait que ce message soit une erreur, une conséquence d’un changement dans le canal stable de Chrome. C’était la piste notamment que Leopeva64, habitué à suivre les changements dans Chrome et Edge, privilégiait sur X, ajoutant que ce type de problème arrivait fréquemment. Dans un tweet du 28 février, il indiquait d’ailleurs que l’extension uBlock Origin avait récupéré son badge « En vedette », ce que nous avons constaté.
Nous avons demandé une réaction à Microsoft et mettrons à jour cette actualité si l’entreprise nous répond.