Liberté d'expression, liberté d'information

Nouvelle décision polémique dans sa gestion du Washington Post : Jeff Bezos impose une ligne éditoriale aux pages opinions.
Jeff Bezos a annoncé une intrusion sans précédent dans l’activité du Washington Post. Sur Twitter, le patron d’Amazon a déclaré avoir informé les équipes du journal que la ligne éditoriale des pages opinion du journal serait désormais limitée à la promotion d’idées libertariennes.

« Nous écrirons désormais chaque jour en soutien et pour défendre deux piliers : les libertés personnelles et les marchés libres. » D’autres sujets pourront être abordés, note-t-il, en revanche, les points de vue s’opposant à ces deux piliers « seront laissés à d’autres ».
Ingérences répétées
La décision, que le soixantenaire justifie au motif qu’Internet permet aux citoyens de s’informer sur différents points de vue, fait suite à une précédente immixtion dans les activités du journal emblématique : pendant la campagne électorale de 2024, il avait empêché la publication d’un soutien à Kamala Harris. Ce faisant, il rompait avec la tradition états-unienne de recommandations de vote formulées par les comités de rédaction.
En janvier, plus de 400 membres de la rédaction du journal avaient demandé un entretien avec le milliardaire, se déclarant « très inquiet » devant les récentes décisions prises. La semaine précédente, une centaine de personnes avaient été licenciées, symptôme des difficultés financières accrues par la perte de 10 % des abonnements juste après l’absence de soutien du journal à la candidature de Kamala Harris.
Au début de l’année, la dessinatrice et prix Pulitzer Ann Telnaes avait par ailleurs démissionné après s’être vu refuser la publication d’un dessin représentant Jeff Bezos ployant le genou devant Donald Trump.

Le responsable des pages opinion du Washington Post David Shipley a démissionné en réaction à ce changement d’orientation. Le responsable des pages économiques Jeff Stein parle de son côté d’un « empiètement massif de Jeff Bezos ». S’il déclare n’avoir « pas encore ressenti d’ingérence » dans son travail journalistique, il indique : « Si Bezos tente de s’ingérer du côté des informations, je démissionnerai immédiatement et je vous le ferai savoir. »