Parlons de MOI

Un rapport de Viginum illustre la diversité des méthodes et des moyens, publics comme privés, mis en œuvre par les services russes pour tenter d’influencer l’opinion occidentale depuis l’invasion de l’Ukraine, en février 2022.
Viginum vient de publier un rapport sur l’ingérence russe dans le but de nous éclairer sur leurs activités et leurs façons de faire, appelées MOI (Modes Opératoires Informationnels). Ce rapport examine les manœuvres employées depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, car la nature de la position française à l’égard de ce conflit a engendré une offensive d’envergure de l’État russe. Rappelons-nous aussi que la France est membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU.
Viginum est un organisme rattaché au Secrétariat Général de la Défense et de la Sécurité Nationale (SGDSN) et dont la mission principale est « de détecter et de caractériser les ingérences numériques étrangères affectant le débat public numérique en France ». Le SGDSN est rattaché directement au Premier Ministre, et Viginum se situe exactement au même niveau que l’ANSSI, ce qui implique que son travail arrive très rapidement aux plus hautes instances de l’Etat.

Ingérence étrangère ?
Pour ne pas brouiller l’écoute, reprenons la définition d’ingérence étrangère que l’on trouve sur le site de Viginum. C’est un phénomène inauthentique (contenu malveillant, comptes suspects, comportements anormaux, aberrants ou coordonnés) qui combine :
- Une atteinte potentielle aux intérêts fondamentaux de la Nation ;
- Un contenu manifestement inexact ou trompeur ;
- Une diffusion artificielle ou automatisée, massive et délibérée ;
- L’implication, directe ou indirecte, d’un acteur étranger (étatique, para-étatique ou non-étatique).
L’influence n’est pas une invention récente, tout comme les opérations de déstabilisation ou de sabotage. L’espace numérique offre toutefois une facilité et une rapidité inédite, tout en ayant un rapport coût/efficacité attrayant, et fait partie désormais de l’arsenal militaire et diplomatique de plusieurs nations.
Vite pris la main dans le sac, mais…
Comme souvent en matière criminelle (ou forensique), le mobile trahit presque toujours son auteur. Par contre, l’attribution effective demeure souvent longue et complexe. Or ici, seulement quelques jours après le début effectif du conflit, de premières mesures ont été prises par les Européens contre les opérations russes. D’autres pays ont suivi, plus ou moins rapidement.