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Recherche : des universités à plus de 30 articles scientifiques rétractés par an

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Recherche : des universités à plus de 30 articles scientifiques rétractés par an

La revue Nature a analysé quelles institutions scientifiques dans le monde rétractaient le plus d’articles. On retrouve dans sa liste notamment des universités indiennes, l’Université du Roi-Saoud en Arabie saoudite et des universités chinoises, dont celle qui publie annuellement le fameux classement de Shanghai.

Nature, une des revues scientifiques les plus connues, a récupéré les données de plusieurs entreprises qui ont lancé des outils d’intégrité scientifique pour en tirer la liste des institutions qui rétractent le plus d’articles.

Dans le lot, la plus importante université d’Arabie Saoudite, l’Université du Roi-Saoud, est celle qui se distingue le plus. Mais on y retrouve aussi des universités chinoises, dont l’université Jiao Tong de Shanghai. Celle-ci est responsable du fameux « Classement de Shanghai » des universités qui, tous les 15 aout, met de la poudre aux yeux et de la pseudo-science dans la politique de la recherche et de l’enseignement supérieur, notamment en France.

Depuis quelques années, quelques journalistes scientifiques et chercheurs tirent le signal d’alarme à propos de l’augmentation des articles scientifiques qui sont, au bout d’un certain temps, rétractés. Next a déjà évoqué le site Retraction Watch créé en 2010 et l’outil Feet of Clay Detector du chercheur toulousain Guillaume Cabanac.

Y a du bon dans la rétractation

Rappelons quand même ici qu’une rétractation n’est pas un mal en soi, au contraire même : une rétractation est le signe que le système de publication a repéré un article qui était problématique et l’a écarté. Soit parce qu’il contenait une erreur, soit parce que la recherche était entachée d’un problème d’intégrité scientifique (plagiat, modification de données…).

Mais si les chercheurs d’une institution sont responsables de beaucoup d’articles rétractés, c’est qu’il y a sans doute un problème d’intégrité scientifique dans cette institution.

L’Université du Roi-Saoud dans le trio de tête

La revue Nature a voulu savoir quelles étaient les institutions les plus responsables de rétractations. Elle a contacté des startups qui ont lancé ces dernières années des outils autour de l’intégrité scientifique : Argos, Signals et Dimensions Author Check. Ceux-ci s’appuient notamment sur la base de données de Retraction Watch cédée en 2023 à l’ONG Crossref et qui a ouvert l’accès via une API.

Comme les outils n’agrègent pas les données de la même façon, le classement varie un peu suivant celui qui est utilisé. Par exemple, certains font la différence entre l’Université de Jilin et l’hôpital qui en dépend, d’autres non. La revue fait aussi remarquer que « les institutions qui comptent le plus grand nombre d’articles rétractés n’ont généralement pas les taux de rétractation les plus élevés, parce qu’elles sont de grande taille et publient donc beaucoup ».

On peut constater dans les graphiques de la revue repris ci-dessous que l’Université du Roi-Saoud figure toujours dans le trio de tête avec plus de 340 articles rétractés en 10 ans, soit 34 par an en moyenne.

La Chine, l’Arabie Saoudite et l’Inde doivent beaucoup rétracter

Si on se concentre sur les données des 10 dernières années, on peut voir que la plupart des universités présentes dans ce classement sont chinoises. Mais la seconde partie des graphiques, qui se concentre sur les années 2020 - 2024, montre une tendance à la disparition de ces universités chinoises au « profit » des saoudiennes et indiennes. Plusieurs hypothèses peuvent être creusées : une période post-covid différente en Chine, un changement de politique d’incitation à la publication ?

En tout cas, il existe des variations significatives entre les différentes institutions de recherche, et ce, au sein d’un même pays. « Il est tentant de se demander si les différences sont liées à des primes variables pour les chercheurs dans les différentes institutions », souligne le cofondateur du site web Retraction Watch, Ivan Oransky, interrogé par Nature.

Le chercheur indépendant Achal Agrawal a créé un outil qui scrute les rétractations en Inde : India Research Watch Il pointe à Nature le fait que, dans ce pays, la plupart des institutions qui affichent les taux de rétractation les plus élevés sont privées et situées dans l’État du Tamil Nadu. Achal Agrawal propose aussi un outil pour scruter les rétractations dans les autres pays du monde.

La revue scientifique (qui est donc aussi impliqué dans le processus de validation des articles scientifiques) précise que « les données relatives aux rétractations montrent qu’il s’agit d’événements rares » et ajoute, « sur les plus de 50 millions d’articles publiés au cours de la dernière décennie, par exemple, seuls 40 000 environ (moins de 0,1 %) ont été rétractés, selon les jeux de données  ».

Mais ce chiffre ne représente pas tous les articles scientifiques publiés qui posent problème : certaines revues ou certains champs de recherche rechignent encore à faire la chasse aux articles qui devraient être rétractés pendant que d’autres, l’anesthésie-réanimation (anesthesiology en anglais) notamment, ont une petite communauté de chercheurs qui a pris à bras-le-corps le problème.


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