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Apple ciblée par une plainte en France pour des conversations enregistrées par Siri

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Apple ciblée par une plainte en France pour des conversations enregistrées par Siri

La Ligue des droits de l’Homme a déposé plainte en France contre Apple pour « violation de la vie privée, traitement illicite des données personnelles et pratique commerciale trompeuse ». Elle s’appuie sur le témoignage d’un ancien employé d’un sous-traitant.

Apple a proposé récemment de sceller une « class action » aux États-Unis concernant des conversations enregistrées par son célèbre assistant vocal Siri. Le juge américain a donné une validation préliminaire ce lundi 10 février [PDF] à l’accord entre l’entreprise et les plaignants. Une audience doit se tenir le 1ᵉʳ août 2025 pour une validation finale.

Rappelons que, dans cet accord, Apple accepte de payer à chaque personne entrant dans les conditions du recours collectif 20 dollars par appareil (des clients américains ayant acheté un appareil Apple entre le 17 septembre 2014 et le 31 décembre 2024), ce qui porte la somme totale dans cette affaire américaine à 95 millions de dollars. Mais Apple voit ce problème ressurgir devant la justice française.

En effet, la Ligue des droits de l’Homme a transmis ce jeudi 13 février un signalement et une plainte au parquet de Paris visant la collecte massive d’enregistrements par Siri, selon la cellule investigation de Radio France et le journal Le Monde.

Les deux médias expliquent que le cas français s’appuie sur des informations transmises par un informaticien français, Thomas Le Bonniec. Il a travaillé en tant qu’analyste de données pour l’entreprise Globe Technical Services en Irlande. Celle-ci analyse, entre autres, le contenu de sons enregistrés par les appareils d’Apple via Siri.

1 300 enregistrements à traiter par jour

« Le jour même de mon arrivée, on nous a fait comprendre qu’on allait travailler sur des enregistrements de personnes en train de parler à leur assistant Siri ou sur des enregistrements captés à leur insu quand la machine se déclenchait par erreur », explique-t-il à Radio France, qui le qualifie de lanceur d’alerte. Il affirme que son travail était notamment de vérifier si les conversations étaient correctement transcrites par Siri, mais « surtout d’identifier s’il s’agissait d’enregistrements accidentels » en traitant 1 300 enregistrements par jour.

Il ajoute que certains de ses collègues devaient étiqueter les messages avec des informations personnelles enregistrées dans l’appareil : « ils devaient comparer les mots-clés énoncés durant un enregistrement et les rattacher aux données stockées dans les appareils auxquelles nous avions accès comme les contacts, la géolocalisation, la musique, les films, des marques, etc. Ils étiquetaient ces données personnelles avec des mots-clés », explique-t-il encore à nos confrères.

Une anonymisation pas si efficace

Apple a pris récemment la parole pour défendre son modèle, affirmant qu’ « une petite partie des demandes de Siri est analysée pour améliorer Siri et la dictée ». « Les demandes des utilisateurs ne sont pas associées à leur identifiant Apple. Les réponses Siri sont analysées dans des installations sécurisées et tous les examinateurs sont tenus de respecter les exigences strictes d’Apple en matière de confidentialité », ajoutait l’entreprise, assurant par là une anonymisation des enregistrements envoyés à ses sous-traitants.

Selon le Monde cependant, le témoignage de Thomas Le Bonniec, recoupé par des documents collectés, affirme que certains analystes avaient aussi accès à des données issues d’applications présentes sur l’appareil de l’utilisateur, ce qui leur permettait de faire des recoupements et d’identifier à qui appartenait l’appareil.

Des millions d’enregistrements transmis

Le signalement transmis à la justice estimerait qu’Apple a envoyé «  plusieurs dizaines, voire centaines de millions » d’enregistrements d’utilisateurs de Siri, dont une grande partie déclenchée par erreur ou à l’insu des utilisateurs.

Thomas Le Bonniec avait déjà témoigné auprès de nos confrères de Télérama en 2021. Il expliquait le quotidien d’analyste de données : « personne ne fait ça par vocation. Mon voisin d’en face a tenu deux jours : il n’est jamais revenu ». Il se souvenait de certains enregistrements qui étaient clairement involontaires avec le vrombissement d’un moteur ou le bruit de fond d’une poche.


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