Technoféodalisme

Pourquoi Mark Zuckerberg a-t-il brusquement modifié les règles de modération de Meta et mis fin à ses programmes d’inclusion ? Entretien avec la politologue Marie-Cécile Naves.
Il y a une semaine, Mark Zuckerberg publiait un discours de cinq minutes, face caméra, qui a jeté une bonne partie des observateurs dans la stupeur. Fin du soutien aux programmes de fact-checking aux États-Unis, modification des règles de modération relatives à une variété d’insultes (uniquement sur le sol états-unien), attaques contre les régulations européennes… Les propos du fondateur de Facebook et dirigeant de sa maison-mère Meta ont recouvert une variété de sujets.
Dans un contexte d’accession de Donald Trump à un deuxième mandat présidentiel, à partir du 20 janvier, et de prises de paroles très politiques d’Elon Musk, patron de X et futur « ministre de l’efficacité gouvernementale » aux États-Unis, nous avons demandé à la politologue Marie-Cécile Naves, spécialiste de la politique états-unienne, comment elle envisageait le brusque virage d’un chef d’entreprise jusqu’ici plus connu pour son positionnement progressiste.
>> Comment interprétez-vous la prise de parole de Mark Zuckerberg ?
Vu le timing, Mark Zuckerberg donne le sentiment de courir après Elon Musk. Il joue le bon élève qui veut plaire à Donald Trump et Elon Musk, comme si Musk aussi, avait été élu. Il a certainement l’espoir d’obtenir des faveurs : que ce soit une plus grande dérégulation du secteur, éviter de nouvelles mesures fiscales, un hypothétique retour sur la récente imposition de 15 % de l’OCDE… Mais pour ce faire, il joue sur des obsessions de Musk, notamment en mettant fin au fact-checking aux États-Unis.
>> Chez le podcasteur Joe Rogan, grand soutien de Donald Trump, Mark Zuckerberg a indiqué mettre fin aux politiques de diversité, équité et inclusion (DEI) chez Meta. L’entreprise ne compte pourtant que 36 % de femmes, et 26 % du côté des ingénieurs…