Et peut-on rire de tout ? Vous avez 2h.
![[Édito] Peut-on et doit-on tout dire ?](http://next.ink/wp-content/uploads/2024/12/Edito.webp)
Réponse courte, de mon point de vue : oui à la première question, non à la seconde. Avant de crier au scandale et à la censure, lisez donc cet édito ! Il prendrait presque la forme d’un manifeste personnel.
Dans le monde de la presse (en ligne ou non), la Charte de déontologie de Munich (ou Déclaration des devoirs et des droits des journalistes) est une « une référence européenne concernant la déontologie du journalisme, distinguant dix devoirs et cinq droits », rappelle Wikipédia.
Vérité, liberté, pas de publicité
On y retrouve des piliers de la profession tels que « respecter la vérité », « défendre la liberté de l’information », ne publier que des « informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent » et si besoin « rectifier toute information ». Autant dire qu’avec des années passées à apprendre aux côtés de David et Marc, ces piliers sont plus qu’ancrés dans ma pratique.
De la publicité, sur Next ? Aucune !
Le journaliste doit aussi « garder le secret professionnel et ne pas divulguer la source des informations obtenues confidentiellement », ne « jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire », « refuser toute pression et n’accepter de directives rédactionnelles que des responsables de la rédaction ».
Sur Next, la question de la publicité a été coupée à la racine : il n’y en a aucune, d’aucune sorte, pour personne. Ni publicité sur le site, ni contenus sponsorisés, ni liens affiliés… Nada. Notre seule source de revenus, ce sont vos abonnements !
Une fausse information, un démenti = deux publications
Sur Next, il arrive qu’on nous transmette des informations, dont nous savons pertinemment qu’elles sont totalement fausses (ou fausses avec une grande probabilité). Dans ce cas, la question ne se pose pas : elles passent à la trappe. D’autres ne se privent pas de la publier, puis de démentir quelques jours plus tard.
Après tout, une info et son démenti, cela fait deux publications. Et si en plus une information frelatée peut faire le buzz, c’est encore « mieux »… Deux fois plus de publications, c’est deux fois plus d’occasions de faire des pages vues… et donc de vendre de la publicité. Mais tout cela, on s’en fiche deux fois plus chez Next.
C’est le bon moment de rappeler la loi de Brandolini (ou principe d’asymétrie des baratins) : contrebalancer une fausse information demande beaucoup plus de temps et d’énergie que de la créer. Sur Next, nous n’avons pas cette problématique.
One source, no source
Il y a aussi le « une source = pas de source ». Si une source inconnue nous donne un document, comment savoir s’il est légitime et qu’il n’a pas été altéré ? Impossible en l’état. Là encore, sur Next, le principe est simple : on ne publie pas.
C’est déjà arrivé, à plusieurs reprises. D’autres ne se sont pas privés par la suite, parfois avec une information qui s’est révélée juste, d’autres fois non. On peut également utiliser le conditionnel, mais encore faut-il que la probabilité de l’information se place du bon côté du 50 %, avec une marge importante.
Que faire des vraies informations ? Publier à tout prix ?
Il y a ensuite les vraies informations, mais que l’on ne peut pas publier sans compromettre leur source. Cette situation est bien plus rare, mais la règle est claire là aussi et ne souffre aucune transgression : on ne publie pas. Le respect des sources est un principe inébranlable.
Maintenant, qu’en est-il d’une vraie information – confirmée, validée par plusieurs documents et/ou personnes –, mais dont la publication permettrait à des entreprises de se soustraire à certaines « obligations », ou du moins à ce qu’elles pensaient être des obligations. Quand je parle d’entreprises, ce sont de bons gros géants du Net que tout le monde connait, pas la PME de quartier.
Intérêt du grand public ou des grandes entreprises ?
J’ai bien un exemple en tête (et même deux), mais je ne détaillerai pas ici. Pour spoiler la fin de l’édito, je vais répondre aux deux questions en titre : oui je peux parler de tout (sur des informations vérifiées), mais ce n’est pas pour autant que je le fais. C’est déjà arrivé par le passé ; et je ne vais donc pas donner de pistes sur cette décision dans cet édito, ne cherchez pas.
La situation pourrait s’apparenter à un « joker » permettant à des entreprises d’éviter de faire la une des journaux pour certains types d’agissements. Je me suis posé une question : le devoir d’information doit-il obligatoirement primer sur tout le reste ? Réponse personnelle : je ne pense pas.
Dans mon cas, le grand public n’aurait pas grand-chose à faire de cette information relativement insignifiante pour le commun des mortels. Mais des géants du Net pourraient s’en servir pour « cacher » les détails de certains faits (ils ne sont visiblement pas au courant). Et quand je parle de cacher des faits, c’est justement les cacher au grand public.
What if ?
Afin d’imager un peu mes propos abscons, voici un exemple inventé de toutes pièces et qui ne correspond donc pas à la réalité : Meta attrapé la main dans le sac à faire n’importe quoi avec des données personnelles (zut, je n’avais pas dit fictif ?). Cependant, la société peut éviter toute communication autour de cette affaire en disant simplement au bon interlocuteur une phrase comme « merci de ne pas en parler publiquement ».
Peut-on et doit-on tout dire ? Oui, et non
En conclusion, peut-on parler de tout ? Oui, mille fois oui ! En tout cas, sur Next, on ne s’interdit aucun sujet, aucune approche : si nous sommes certains de notre information et qu’elle entre dans notre ligne, on la publie ! C’est aussi ça un média indépendant.
Maintenant doit-on tout dire ? Pour ma part, la réponse est non. Il faut mettre deux éléments dans la balance : ce qu’apporte cette information et les conséquences directes. Si le premier ne pèse pas lourd pour le grand public et permet à des entreprises de s’en tirer à bon compte sur des affaires problématiques, il n’y a pour moi aucun intérêt à la mettre en ligne. Comme dit précédemment, cela m’est déjà arrivé, deux fois.